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État des lieux du transport routier face à la crise Covid-19

07/10/2021

État des lieux du transport routier face à la crise Covid-19

La crise de la Covid-19 a considérablement freiné l’activité logistique, tant en France et en Europe que dans le reste du monde. Notamment en raison des restrictions de circulation et de la fermeture des magasins (hors alimentaire et produits de première nécessité) qu’il devenait alors inutile d’approvisionner. Selon la Fédération nationale du transport routier (FNTR) l’activité du transport routier a plongé de 27 % au 2ᵉ trimestre 2020. Un chiffre qui s’est toutefois amélioré depuis le début de l’été : les rotations ayant recouvré un volume quasi normal depuis lors.

Les principaux challenges du transport routier face à la crise Covid-19

Sauvegarder son chiffre d’affaires et le niveau de sa trésorerie

Le confinement a eu de fortes conséquences sur le chiffre d’affaires des entreprises de transport et notamment de transport de marchandises. La FNTR estime la baisse moyenne du chiffre d’affaires des transporteurs de 44 % en avril, de 27% en mai et de 12 % en juin 2020. Un manque à gagner qui fragilise de nombreuses structures, le tissu des entreprises de transport routier de marchandises étant surtout composé de petites sociétés (84% d’entre elles ont moins de 10 salariés). On voit déjà d’ailleurs fleurir des opérations de rachat entre transporteurs. Si en France des acquisitions d’envergure ne semblent pas à l’ordre du jour, en Europe le groupe espagnol Olano a racheté en septembre les entreprises Oteiza et Kartel.

Le comité national routier (CNR) dans son dernier baromètre activité et climat économique du transport routier de marchandises (TRM) indique que la reprise est bien là avec une hausse du chiffre d’affaires de l’ordre de 1,8 % en août 2020 par rapport au même mois en 2019. Une reprise timide donc, mais qui offre une tendance positive.

Mettre en place des normes sanitaires qui ont un coût

Comme dans toute entreprise, les transporteurs ont dû mettre en place des normes sanitaires pour suivre la nouvelle réglementation. La FNTR estime que le surcoût de ces mesures peut aller jusqu’à 5 % : +3 à 32 euros par jour et par véhicule soit 0,5 à 6 % du prix de revient standard. Ces sommes sont dépensées pour répondre aux différents protocoles sanitaires institués par le gouvernement :

Port du masque (obligatoire depuis le 1ᵉʳ septembre 2020 dans toutes les structures et pour tout le personnel qu’il soit chauffeur ou employé administratif), des gants et des visières.
Gel hydro-alcoolique, lingettes.
Nettoyage et désinfection des cabines à chaque changement de chauffeur.
Attention particulière lors du déchargement en clientèle pouvant occasionner un temps d’arrêt plus long.

Prendre en compte les difficultés des conducteurs et leurs inquiétudes
Le confinement et les périodes de chômage partiel ont un impact sur le moral des salariés. Lors du confinement 85 % des transporteurs ont eu recours au chômage partiel. De nombreux chauffeurs n’ont pu travailler et ont subi une baisse de leurs revenus. Le retour à temps plein (souvent à partir de la fin juin – début juillet) a pu générer de nouvelles inquiétudes : craintes pour leur santé et celle de leurs proches, mise en place de protocoles drastiques qui engendrent un accroissement du temps de travail ou peur du dépôt de bilan de l’entreprise qui les emploie.

Ce coût humain induit doit être géré par les chefs d’entreprises de transport et les services des ressources humaines, qui passent davantage de temps à écouter leurs salariés et à essayer de trouver des solutions adaptées à tous.

Faire face à la concurrence sans tirer les prix vers le bas

Le transport routier étant très fragmenté entre de nombreuses entreprises, les clients ont tendance à faire davantage jouer la concurrence et à négocier pour tirer les tarifs vers le bas. Selon la FNTR, 33 % des entreprises ont rencontré une pression sur les prix émanant de leur clientèle. Un état de fait qui pourrait amener certaines petites et moyennes structures qui ne parviennent pas à mutualiser leurs coûts à mettre la clé sous la porte.

La FNTR pressent l’accentuation du phénomène de concentration du marché, avec l’intensification du rachat des petits transporteurs par de plus gros. Cela pourrait être le fait de mastodontes du secteur en France comme XPO Logistics Europe (ex Norbert Dentressangle), Transiberica (entreprise internationale qui livre aussi en France) ou Flexatrans.

Quelles aides pour le transport routier ?

Le dispositif de chômage partiel

Comme toutes les entreprises françaises, les transporteurs bénéficient du dispositif de chômage partiel mis en place par l’État. Depuis le 1ᵉʳ juin 2020, le gouvernement prend en charge 85 % de l’indemnité versée au salarié dans la limite de 4,5 fois le SMIC (le transporteur finançant les 15 % restants). Au 1ᵉʳ novembre 2020, cette aide passe à 60%, le reste à charge employeur sera donc de 40 %.

Les aides aux équipements sanitaires

Il est aussi possible d’obtenir le financement – à hauteur de 50 % de l’investissement hors taxe – des équipements sanitaires, à l’instar du matériel pour isoler les postes de travail (vitres, plexiglas ou cloisons), ou des installations d’hygiène comme des postes pour le lavage des mains ou des douches. Cela ne concerne toutefois pas l’achat de masques ou de gel hydroalcoolique qui reste entièrement à la charge du transporteur. Peuvent en bénéficier : les structures de moins de 50 salariés, qui forment le gros du tissu du transport routier en France.

Les prêts garantis par l’État

Les transporteurs rencontrant des difficultés de trésorerie peuvent aussi se tourner vers le dispositif de prêt garanti par l’Etat. Il est ouvert jusqu’au 31 décembre 2020 et consiste en un prêt d’un montant équivalent à trois mois de chiffres d’affaires 2019 ou à deux années de masse salariale. Aucun remboursement n’est demandé la 1ʳᵉ année et l’aide est amortissable sur cinq ans. Les conditions d’éligibilité ? Avoir moins de 5 000 salariés et un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros.

Le plan de relance transport

Enfin, le premier ministre Jean Castex a annoncé, dans son plan de relance présenté le 3 septembre 2020, que 100 milliards d’euros allaient être consacrés au secteur du transport. Pour l’heure, aucune mesure concrète n’a été définie pour les transporteurs. Seule celle en faveur du développement de l’hydrogène (7,2 milliards d’euros) semble concerner directement le transport routier de marchandises (TRM) et les poids lourds qui circulent en milieu urbain et périurbain. Un plan favorable à la transition énergétique des camions a aussi été dévoilé sans que son montant n’ait toutefois été précisé.

Actualité du transport routier : des raisons d’espérer

Même si la crise Covid-19 a frappé de plein fouet les entreprises de transport routier il existe des raisons d’espérer.

Une image positive

D’abord l’image des transporteurs a été fortement redorée lors du confinement après une période de désamour due notamment aux conflits sociaux et aux grèves. Ce sont eux qui ont permis au pays de continuer à être approvisionné en denrées alimentaires et de première nécessité, notamment en médicaments et matériel médical. Ensuite la reprise post-crise se dessine avec une hausse des rotations et quasiment plus aucun camion qui reste stationné en entrepôt.

Une hausse du commerce en ligne
Le commerce en ligne a plus que jamais le vent en poupe, la crise sanitaire ayant accentué cette pratique. La Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) indique que les transactions des produits et services acquis via internet a augmenté de 7,4 % lors des mois de mai et juin 2020 par rapport à la même période en 2019.

Un prix du gasoil en baisse

Le prix du gasoil est en baisse depuis des mois, entraînant des économies sur ce poste qui représente environ 30 % des dépenses des transporteurs. Des solutions d’optimisation de la consommation performantes ont récemment vu le jour : à l’instar de celle d’alertgasoil™ qui utilise l’IoT pour monitorer des indicateurs aussi fondamentaux que la consommation des poids lourds, les émissions de CO2 ou les habitudes de conduite des chauffeurs. Cela constitue ainsi une aide concrète pour réaliser des économies de carburant.

La crise de la Covid-19 a fortement frappé les entreprises du transport routier. Mais une embellie semble se dessiner depuis le début de l’été avec la reprise à plein des rotations et des carnets de commande qui se remplissent à nouveau. Une période idéale pour les chefs d’entreprise qui souhaitent rationaliser leurs dépenses, notamment au niveau du poste carburant. Et adopter des innovations technologiques qui visent à disposer de camions plus performants et plus propres.